Articles littéraires


Une cité Internationale dédiée à la langue française

Ouverte au monde et ancrée dans son territoire, la Cité internationale de la langue française est un lieu culturel et de vie entièrement dédié à la langue française. Elle reliera le passé, le présent et le futur de la langue française et de la francophonie, autour de trois piliers : culture & création, éducation & formation, recherche & innovation. 

La Cité a l’ambition de révéler la langue française comme source de créativité et d'échanges, d’épanouissement intellectuel et esthétique, de plaisir et comme un levier d’insertion sociale, économique et citoyenne. 

Située à Villeret-Cotterêts, dans l'Aisne (02), elle ouvrira au printemps 2023.

Source : site internet de la Cité Internationale de la langue française

Les mystères de l'@robase

D'où vient-il, ce signe qui apparaît dans toutes les adresses des courriels ? Qui a inventé ce @ bizarre qui n'est ni tout à fait une lettre, ni tout à fait une ponctuation ? Dès le début du Moyen Âge des moines copistes l'auraient utilisé, lui ou en tout cas un graphisme proche. Toujours soucieux d'économiser le précieux parchemin et de condenser le plus d'écritures possibles dans l'espace le plus réduit, des scribes auraient donc inventé cette espèce de serpent qui se mord la queue... Le signe médiéval résumait deux lettres en une seule : il s'agissait d'un d qui s'enroulait autour d'un a. Et pour former quel mot ? Ad en latin, autrement dit "à"' ou "vers"... Exactement le sens actuel de notre signe ! N'est-il pas souvent exprimé par l'anglicisme at, stricte traduction du ad latin ?

Au VIIe siècle, des marchands florentins utilisaient ce même signe pour sympboliser une unité de mesure appelée amphore (un peu plus de vingt litres). Au XIXe, le signe prit aux Etats-Unis le sens de "prix unitaire". Par exemple, devant un panier de pommes chez l'épicier, l'indication "@0,1 $" signifiait que chaque pomme coûtait dix cents. C'est d'ailleurs pour cet usage commercial que le signe apparut sur le clavier des machines à écrire outre-Atlantique...

En 1971, quand l'ingénieur américain Raymond Tomlinson créa le courrier électronique, il eut l'idée d'utiliser ce caractère, qui lui faisait de l'oeil sur une touche de sa machine. Avec lui, le signe marqua donc la séparation entre le nom et l'adresse électronique. Et ne figurant dans aucun alphabet, dans aucune langue, il évitait les erreurs.

 

Mais comment l'appeler, ce signe ? Certains lui ont donné un surnom amical... Les Chinois l'appellent "petite souris", les Danois "trompe d'éléphant", les Grecs "petit canard", les Hongrois "ver de terre", les Israéliens "Strudel", les Italiens "escargot"...

L'appellation officielle reste "arobase", mais les dictionnaires ne sont pas d'accord entre eux, ni sur son orthographe, ni sur la manière de le prononcer...Arobase, arobas, arrobe ? Le mot viendrai de l'arabe arroub, le quart, ou d'une ancienne unité espagnole de poids, enfin quelque chose comme ça...Bref, on ne sait pas très bien d'où vient ce nom aussi biscornu que son graphisme.

 

Extrait de  Deutsch, L. Romanesque, la folie aventure de la langue française. Editions Michel Lafon 2018.

Le roi et moi on est à la merci !

 

D'où vient l'expression Être à la merci (de quelqu'un) ?

Le personnage de la série Kaamelott ne semble pas avoir bien cerné la construction de la phrase...

Le mot merci nous vient du latin merces avec le sens de "salaire, récompense", mais aussi la signification de "grâce, pitié".

C'est d'ailleurs ce dernier sens qu'a merci lorsqu'il apparaît en français avec cette orthographe au XIè siècle. Et c'est de là qu'apparaît d'abord, au XIIè siècle, notre demander merci, mais aussi crier merci avec exactement la même signification.

C'est à peine quelques petites années plus tard qu'on entend être sans merci, applicable à des personnes qui accomplissent des actes barbares sans la moindre pitité pour leurs victimes.

Il faudra attendre le XVIè siècle pour que la forme être à la merci (de quelqu'un) apparaisse. Elle signifie que quelqu'un est dépendant du bon vouloir d'un autre qui, sans pitié, donc "sans merci", peut lui infliger les pires brimades ou sévices.

On pourra donc excuser notre chevalier gallois qui ne pouvait pas connaitre, en plein moyen-âge, une expression apparue seulement à la Rénaissance.

 

Extrait de Les Timbrés de l'othographe. 1001 expressions préférées des français, expliquées et illustrées. Numéro exceptionnel. Juillet-Août 2017.

 

D'où vient le "e" muet ?

Le e muet permet de transformer la corona latine en couronne et la tabula en table.

Pour quoi faire ?

Pour faire exister l'accent tonique et parler avec l'accent des Francs. En effet, aux origines de la langue franque, cet accent était très marqué. On tapait très fort sur une syllabe, ce qui entraînait l'affaiblissement du son qui suivait. Corona se disait ainsi à la manière franque COURrona, en insistant sur la première partie du mot, la suite était donc moins audible, affaiblie au point qu'avec le temps on n'en percevait plus la dernière lettre.

D'où le e muet de couronne.

Et tabula, qui se disait de la même manière, TABoula, a donné à son tour notre mot français table où ce qui suit le b a toujours du mal à se faire entendre.

Extrait de  Deutsch, L. Romanesque, la folie aventure de la langue française. Editions Michel Lafon 2018.

 

Pourquoi le "h" est-il parfois aspiré et parfois muet ?

Le h aspiré est aujourd'hui une espèce de hiatus. Il était chez les Francs une véritable consonne, un son marqué, comme dans hair, le cheveux en anglais, ou dans Hund, le chien en allemand.

En soufflant le h, on parle comme les Francs...

Et donc, comment traiter de fameux h, enfant terrible des liaisons dangereuses ? Pourquoi fait-on aujourd'hui certaines fois la liaison (les hommes, les honneurs), alors qu'on ne la fait pas pour les hanches, les hêtres ou les haches ? Parce que ces mots avec un h aspiré ont été introduits dans notre langue par les Francs, comme le hameau, le hanap, la honte ou la housse. Les autres termes, ceux avec lesquels ont fait la liaison phonétiques au pluriel, sont généralement antérieurs à l'arrivée des Francs, quand les Gallo-Romains ne se posaient pas la question de prononcer le h à la mode germanique et faisaient tout naturellement la liaison, comme avec homme, hôpital ou histoire.

Extrait de  Deutsch, L. Romanesque, la folie aventure de la langue française. Editions Michel Lafon 2018.

 

Romanesque, le Roman parfait de Lorànt Deutsch

Merci ma soeur pour ce très beau cadeau !

Le livre de Loránt Deutsch est tout simplement un ouvrage parfait.

Depuis les origines de notre peuple, de notre pays qui ne s'est pas toujours appelé la France, l'auteur nous amène à travers une double Histoire. Celle de la langue française, tout d'abord, celle de son écrit, de son parler, de ses expressions.

Mais aussi l'Histoire en tant que telle. Pour vous plonger dans l'Antiquité, le Moyen-Age, la Renaissance. Pour revivre avec ces hommes et ces femmes qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui, il faut à tout prix empoigner ce livre. Et vous ne le lacherez plus !

Je me suis régalée. Pouvoir combiner un récit historique, notamment la période médiévale, avec des considérations linguistiques fût un réel bonheur.

Merci pour cette oeuvre de recherche très complète.

Le Vaudeville est né à Vire !

Comme nous l'explique Lorànt Deutsch dans "Romanesque", le mot vaudeville trouve son origine aux environs de 1400. "A Vire en Normandie, un ouvrier drapier, Olivier Basselin, popularisait des chansons satiriques et joyeuses. Il était même la personnalité marquante d'une association de poètes chanteurs, les Compagnons du vau de Vire, la vallé de la Vire. Deux cent ans plus tard, le terme vaudevire désignait toute chanson populaire riant de l'actualité. Et de vaudevire, on est passé insensiblement à vaudeville, gardant toujours le sens de chanson satirique. Puis, l'on vit émerger sur scène des pièces en vaudeville, autrement dit des comédies agrémentées de chansons.

Extrait de  Deutsch, L. Romanesque, la folie aventure de la langue française. Editions Michel Lafon 2018.

La potion magique d'Astérix....du calva de Normandie !

"Viridorix, roi de la tribu des Unelles dans ce qui sera la Normandie, était un ennemi acharné de Jules César et de tous les Romains. A la tête de ses maigres troupes, il remporta tant de victoires qu'on finit par prétendre qu'il bénéficiait d'une intervention surnaturelle...

Son secret, murmurait-on, c'était une mystérieuse potion magique à boire avant la bataille, et qui donnait force et courage aux soldats gaulois.

Ça ne vous rappelle rien ? En 1959, quand René Goscinny et Albert Uderzo créèrent leur personnage d'Astérix, ils empruntèrent à la légende du roi des Unelles pour imaginer leur potion magique capable de rendre les Gaulois invulnérables. Le scénariste et le dessinateur n'ont jamais livré le secret de leur propre boisson miraculeuse, mais heureusement, l'entourage de Viridorix s'est montré plus bavard. La recette s'est transmise à travers les siècles : pour commencer, il faut des pommes sucrées, des pommes acidulées et des pommes amères (les proportions exactes font encore l'objet de débats). Les fruits pressés vous donneront un cidre à distiller jusqu'à obtenir une boisson fortement alcoolisée... A vrai dire, en procédant ainsi, on obtient juste un calvados et, s'il n'a peut-être pas les propriétés phénoménales de la potion magique, il donne tout de même du cœur au ventre des Normands depuis des générations. Voilà le secret : la potion magique, c'est une bonne rasade de calva !"

Extrait de  Deutsch, L. Romanesque, la folie aventure de la langue française. Editions Michel Lafon 2018.

Il défend la "langue des pauvres"

Entretien avec Michel SERRES :
Récemment vous avez poussé un coup de gueule sur l’invasion de l’anglais, On a des moyens de résister ?

C’est-à-dire que ça dépend de vous, ça dépend de nous. Ce que je voudrais moi, c’est inviter les Français à faire la grève, chaque fois qu’une publicité sera en anglais on n’achète pas le produit, chaque fois qu’un film ne sera pas traduit dans le titre, on ne rentrera pas dans la salle de cinéma. On ne rentre pas dans un shop, on entrera dan…s une boutique. Et dès lors que les publicitaires et les commerçants auront 10 % de moins de chiffre d’affaires, ne vous en faites pas, ils reviendront au Français. La classe dominante n’a jamais parlé la même langue que le peuple. Autrefois ils parlaient latin et nous, on parlait français. Maintenant la classe dominante parle anglais et le français est devenu la langue des pauvres ; et moi je défends la langue des pauvres. Voilà, c’est pour ça que je demande qu’on fasse la grève. J’en ai marre que la SNCF nous fasse des «smiles». J’en ai plein le dos de cette affaire. Je suis d’accord qu’il y ait une langue de communication, il y en a toujours eu une. Autant ce genre de choses commence à mettre la langue française en péril et c’est dramatique. Il y a plus de mots anglais sur les murs de Toulouse qu’il y avait de mots allemands pendant l’occupation. Par conséquent qui sont les collabos ?

N'oublions pas la langue française

Halte aux "Happy Hours" dans nos bars, aux "Crazy Days" dans nos magasins et même à une "Business School" comme école de commerce. Parler la langue de l'envahisseur c'est se soumettre à lui. Français, pour rester indépendants, parlez votre Langue. La 5ème au monde est la plus répandue sur tous les continents.